Nous avons eu l'occasion samedi de vérifier la qualité du système de soin norvégien.
Léna était à la fête d'anniversaire d'une copine (Selma) et Anna, Valérie et moi jouions sur l'aire de jeux du lotissement car nous étions en avance pour aller la chercher. En courant, Anna a glissé sur des graviers et est tombée la tête en avant. Lorsqu'elle s'est relevée elle n'avait rien l'air d'avoir mais au bout de quelques secondes beaucoup de sang s'est mis à couler de son cuir chevelu sur son front.... Nous sommes immédiatement allés chez Selma pour demander de quoi nettoyer pour nous rendre compte de la gravité de la blessure. Heureusement, une maman qui se trouvait là était infirmière en pédiatrie au Rikshospitalet. Elle nous a beaucoup aidé à nettoyer la plaie et s'est rendue compte que ce n'était "qu'un" petit trou et pas une longue coupure. Elle pensait donc mettre des "straps", ces bandes d'adhésif qui servent à rapprocher les deux côtés d'une plaie pour qu'elle cicatrise plus vite.
Problème: il fallait qu'une extrémité de la bande soit sur le front (trempé car Anna avait chaud!) et l'autre sur les cheveux. Ca ne fonctionnait donc pas du tout et elle nous a conseillé d'aller voir un médecin.
Un médecin en Norvège un samedi après-midi?? Sachant que les médecins que l'État nous alloue travaillent en semaine de 9h à 16h (14h le vendredi), il nous restait deux possibilités:
- une clinique privée (il y en a plusieurs, ouvertes tous les jours, souvent jusqu'à 22h, où l'on peut voir un médecin généraliste sans RDV et un spécialiste en qques jours contre plusieurs semaines/mois dans le public)
- les urgences de l'hôpital.
Nous nous décidons pour les urgence de l'hôpital car nous savions où elles se trouvaient. Mais pendant le trajet en bus nous voyons une immense affiche "Legevakt" (médecin de garde). Ravis, nous descendons, mais déchantons rapidement. C'était en effet un médecin de garde, mais privé. La secrétaire nous met dans le bain tout de suite: "La consultation est à 850 NOK (106€) jusqu'à 20 minutes, 1200 NOK (150€) au-delà. Les éventuels points de sutures ou autres soins sont en plus." Bon. Anna étant en train de plaisanter avec nous et l'infirmière nous ayant dit que le passage chez le médecin était recommandé mais pas obligatoire, nous décidons de pousser jusqu'à l'hôpital.
Nous y arrivons peu de temps après. Comme vous le voyez, il est tout neuf:
Il ne faut évidemment pas s'y fier. L'extérieur est très beau (et vieux), et l'intérieur est entièrement rénové et très moderne.
Nous nous préparions à passer quelques heures à attendre en prenant le ticket à l'entrée. Nous avions le numéro 624. Désabusé, je regarde le tableau en priant pour qu'on soit déjà au-dessus de 600 et je vois 623!! Donc 30 secondes après nous avons été appelés dans un des petits bureaux occupés par un (en l'occurence ici, une) interne chargé d'orienter les blessés et de faire les soins courants comme les sutures ou bandages sur le champ. Elle a nettoyé la plaie et m'a dit qu'il suffisait de la refermer. Je me demandais bien comment elle allait s'y prendre avec tous les cheveux mais finalement le plus simplement du monde : elle a pris un mèche de cheveux de chaque côté de la plaie, les a croisées pour la refermer et les a...collées! Pas bête du tout. Au final, nous sommes ressortis 15 minutes après être rentrés.
En observant un peu l'organisation je n'ai pas pu m'empêcher d'être admiratif: l'infirmière à l'entrée qui m'a indiqué la machine à tickets était aussi là pour trier les patients (et sur le coup je ne m'en suis pas rendu compte) : les blessés d'un côté, les malades de l'autre. Donc tous les "petits" soins ne viennent pas "polluer" le reste des patients et le tout y gagner en efficacité. Par ailleurs, il n'y a eu absolument aucun formulaire ou enregistrement, donc pas de perte de temps à ce niveau non plus. Sans compter que les internes ont beaucoup de patients pour se faire la main sur les cas simples! :-)
Nous avons quand même eu de la chance car quand nous sommes sortis les participants éclopés au marathon d'Oslo (il se déroulait samedi aussi) commençaient à arriver en grand nombre. Il y avait de tout mais aucun n'avait l'air en très bon état... Faites du sport, qu'ils disent!
Anna a tenu a ce que je la prenne en photo à la sortie de l'hôpital car elle voulait "montrer son bobo". Elle était d'excellente humeur car l'interne était très sympa, ne lui avait pas fait mal, et en plus je venait d'accepter d'aller acheter une glace! :-)
Ne vous en faites pas, en rouge c'est juste du sang, on ne voit pas la plaie...
Il n'empêche qu'en voyant la différence public/privé, je ne m'étonne pas que le système de santé était au coeur de la campagne législative...