jeudi 4 décembre 2014

Noël approche... et nous revoilà! :-)

Un peu plus de 6 mois que nous n'avons rien posté ici... Mais je crois qu'à peu près chacun d'entre vous a su que nous avions préparé un déménagement, déménagé, aménagé, commencé, pour Léna et Anna, une année scolaire dans de nouveaux lieux... Bref... Le temps a passé, et nous essaierons dans les jours qui viennent de vous faire un résumé en photos, qui nous permettra de partager avec vous ces souvenirs de cette deuxième moitié d'année 2014! :-)

Je reprends le flambeau ce soir, en profitant du parfum d'épices que nous vaut la cuisson de 8 "pepperkaker" destinés à être décorés par les enfants à la fête de Noël de l'école de Léna samedi... 


Et j'accompagne ce souvenir en photo de la chanson que nous entonnons presque jour et nuit en ce moment, et qui elle aussi ponctuera le "Julemesse" de samedi!

https://www.youtube.com/watch?v=Px4vGCBFQE4
 (sans le Père Noël chez nous! :-)

Belle soirée à vous, et ravie de vous retrouver un peu à travers ce blog!

Je vous embrasse,

Valérie

lundi 12 mai 2014

Le quai des paquebots...transformé en port de guerre

Dimanche dernier, la marine royale norvégienne fêtait ses 200 ans. Elle a effectivement été créée lors de la (courte) indépendance de 1814.

Pour l'occasion, l'état-major a mis les petits plats dans les grands : fête place de la mairie (en front de mer), et surtout visite de nombreux bâtiments norvégiens et étrangers. Il y avait notamment : un mouilleur de mines polonais, un dragueur de mines finlandais, un destroyer britannique, des vedettes allemande et lettone, ainsi que des vedettes d'intervention rapides norvégiennes et...deux sous-marins! Tous ces navires étaient (presque) librement visitables, ce qui est assez rare pour être noté.

Ces navires avaient accosté sur le quai où viennent mouiller les paquebots d'habitude.

Les visites étant assez longues, nous avons décidé d'en faire une seule, et nous avons opté pour le destroyer : le HMS Duncan. Un beau bâtiment, plein de marins typiquement britanniques avec leurs tasses de thé. Plutôt drôle. Mais jugez vous-mêmes:



 Dans le CIC (pas la banque, mais le Centre d'Information et de Combat)

 Crédit photo : Anna!


 Mess des officiers

 Notez les portraits de la reine Elizabeth et du prince Philip


 Toujours le CIC

L'hôtel de ville d'Oslo en arrière plan.

Il était également possible de visiter deux sous-marins (un hollandais, un norvégien):


Et enfin, les Norvégiens ont fait construire (par la DCNS!) 6 vedettes d'intervention rapides leur permettant d'être présent à n'importe quel endroit de leur (très longue) côte en moins de 2h. Je regrette de ne pas avoir prise de photo, mais deux de ces vedettes étaient présentes. Voilà à quoi elles resemblent:



En fin d'après-midi, nous avons repris des activités plus pacifiques. Un couple proposait un atelier de bulles de savon aux enfants...autant dire qu'ils avaient du succès! C'était drôle...mais les pavés étaient bien plus glissants à cause du savon que l'hiver à cause du verglas!








 Bonne soirée à tous!

Aurélien





Pas besoin de calendrier...

...pour savoir qe le 17 mai approche!

Le fête nationale est l'occasion pour chacun de sortir son (ses) drapeau(x), et les commerces qui en proposent sont assurés de ne pas faire faillite à cette période.

Et à bien y réfléchir, TOUS les commerces proposent des drapeaux! (ainsi que des bougies, serviettes en papier, nappes, pin's, rubans, cocardes, etc. aux couleurs du drapeau norvégien).

Voici deux étalages typiques...dans le même petit magasin.



Vivement samedi!

Si on vous dit Norvège?

Dans la série des articles "Civilisation" (je suis en verve en ce moment, ça va faire remonter la moyenne car ce blog n'est malheureusement pas alimenté comme il le devrait...) voici quelques éléments pour comprendre le Norvégien (avec un "N" majuscule cette fois!).

Bon, si on vous dit Norvège, à quoi pensez-vous? J'entends d'ici:
   - Fjords (normal!)
  - Froid (Bon, ça, ça dépend des années, car cet hiver ça a été plutôt...doux)
   - Renne (c'est très bon!)
   - Père Noël (raté, il est finlandais!)
   - Cap Nord (plus loin d'ici que...Monaco!)
   - Vikings (pour le Père Noël je n'ai pas osé, mais là je suis obligé de vous dire qu'il n'existent plus...)
   - Bolle (si vous avez lu le post précédent)


Mais j'avoue qu'au-delà de ça je pense maintenant...paradoxe.

L'idée de ce post m'est venue quand Valérie m'a dit "Pas mal ton post d'hier, mais tu n'as pas parlé de takk for sist et takk for nå"! Je dois avouer qu'elle a raison. Je suis sûr que vous aurez noté cet oubli vous aussi. En réfléchissant à la façon de le faire passer dans le blog sans que vous vous doutiez qu'il s'agissait d'un oubli (j'ai l'impression que c'est raté maintenant!), de nombreux autres exemples me sont venus en tête. Tous constituaient pour moi un paradoxe.

1-  Peu de politesse, beaucoup de remerciements

Comme je vous l'ai expliqué hier, la politesse est beaucoup moins formelle qu'en francais, sauf sur certains points incontournables. Il s'agit de remerciements codifiés, à utiliser au bon moment. Ils commencent donc tous par "Takk for...", càd "Merci pour...".

"Takk for maten" . "Merci pour la nourriture" (pas pour le repas, notez bien). A dire absolument à la personne qui a préparé le repas avant de se lever de table. Un simple "Takk" ne suffit pas, pas plus qu'un "C'était très bon" n'est suffisant. C'est "Takk for maten" ou rien.

"Takk for nå". "Merci pour maintenant". Càd merci pour le moment passé ensemble. A dire quand vous quittez la personne pour vaquer à d'autres occupations. Se dit dès qu'on a passé un moment avec qqun, quel qu'ait été le but de la rencontre (professionnel, pique-nique ou autre)

"Takk for sist". "Merci pour le dernier". Traduisez "Merci pour la dernière fois". C'est le prolongement direct de "Takk for nå", mais on le dit quand on REvoit la personne. A dire quel que soit le temps écoulé depuis la dernière rencontre en question. C'est très déroutant, quand on vous sert la main avec un "takk for sist" et que vous ne vous souvenez même plus de quand date votre dernière rencontre avec votre interlocuteur. 

Ces expressions ont donc "toutes faites", à utiliser au bon moment, quand on arrive à s'y habituer (personnellement je n'ai toujours pas intégré le "Takk for sist") D'aucuns diront que ce n'est pas sincère (ou au minimum trop mécanique), et ils auront probablement raison. Mais je me dis que ce sont l'équivalent de nos "Comment allez-vous" à des personnes qu'on connaît à peine. 

Je me suis d'ailleurs fait agresser par une nouvelle collègue ukrainienne que je voyais pour la deuxième fois cette semaine, car je lui  ai demandé avec un sourire si ca allait  quand elle est rentrée dans notre salle de réunion. Elle m'a répondu "En Ukraine, on pose la question à ses amis et à sa famille. Je suppose que la réponse ne t'intéresse pas et je m'abstiendrai donc de te la donner". Bon. Voilà une coopération qui commence bien!

Donc voilà le premier paradoxe : une politesse quasi inexistante, du moins très peu formalisée, mais certaines expressions rituelles à ne pas oublier sous peine de passer pour un rustre. Un gros avantage neanmoins : ces expressions sont universelles. Donc pas besoin de vous demander si vous appreciez assez la personne pour la remercier : ca marche avec tout le monde, y compris vos pires ennemis.

Un autre exemple: tout le monde étant sur un pied d’égalité, personne ne pensera à vous tenir la porte quand vous rentrez dans un bâtiment. Vous êtes censé pouvoir le faire vous même, et on vous insulterait en le faisant car ce serait vous montrer qu'on vous considère incapable de le faire (Le fait que vous ayez des sacs et des enfants dans les bras ne change rien à la situation : Valérie en a fait la douloureuse expérience au barnehage). Donc si la porte que vous laissez repartir va rencontrer le nez de la personne qui vous suit et le casse, c'est de sa faute, il ne vous en voudra pas. Mais si quand vous le rencontrez la fois suivante vous ne lui dites pas "Takk for sist", alors là....

2- Le sport et les friandises

 Là, c'est l'histoire de l’œuf et de la poule. On sait qu'ils sont liés, mais qui est le premier?
 
La grande majorité des Norvégiens est férue de sports. Quatre sports en fait : ski alpin, ski de fond, couse et vélo. Pour le reste, allez en Suède! Ils passent un temps très important à s'adonner à ces activités, c'est presque addictif.

Quand vous vous baladez dans la rue, vous êtes parfois gêné d'être en jean. Les autres sont en "Treningsklær", "Vêtements d'entraînement". C'est un peu comme pour les pompiers : il faut être prêt tout de suite, au cas où l'occasion se présenterait de courir 1km ou d'enfourcher un vélo.

Ce sont des sports de saison, me direz-vous. Et bien non! Courir l'hiver ne leur fait pas peur (les ancêtres Vikings ressurgissent), on vend des pneus de vélos cloutés pour ne pas glisser sur le verglas, et surtout tout le monde fait des "Rulleski" l'été. Le mot parle de lui-même, mais une photo s'impose:


Oui, des skis à roulettes... Il fallait y penser!

Bon, tout ca pour dire que les Norvégiens consacrent une part TRÈS importante de leur temps libre au sport (sans compter les centres de fitness qui fleurissent). Une habitude dont je ferais bien de m'inspirer, je l'avoue. Ils sont donc, pour la plupart, athlétiques.

Où est le paradoxe là-dedans? Et ben dans le fait qu'Oslo soit la ville que je connaisse avec les plus de "Kiosk" où l'on vent parfois des journaux pour se donner bonne conscience, mais aussi et surtout :
   - des boller
   - des pølse (sortes de hot-dogs)
   - des barres chocolatées (le fond de commerces, des dizaines à vendre cher et à l'unité
   - des bonbons en vrac.

Que du sain, donc. Et ces commerces marchent, les Norvégiens passent leur temps à manger. Tout en étant athlétiques et fana de sport.

Bon j'avoue, il y a peut-être un peu de jalousie dans ce passage de l'article!

3- Une indépendance...mesurée

La Norvège ne fait pas partie de l'UE. Ils ont refusé lors de 2 referendums et maintenant plus personne ne se pose la question de l'adhésion (on se demande ben pourquoi! :-) ).

Ils sont donc totalement indépendants, et en théorie ne doivent suivre que les lois votées par leur Parlement (Storting).

Mais c'est oublier les Janteloven dont j'ai parlé dans un post précédent. On n'est pas mieux que son voisin, il faut se couler dans le moule. Et avoir autant d'argent (le fond pétrolier a maintenant une réserve de plus d'un million de couronnes par Norvégien) ca ne rentre pas dans les cases du formulaire "Es-tu sûr de   ne pas faire comprendre à ton voisin que tu es mieux que lui?" Surtout par rapport à la Suède qui possédait la Norvège il y a encore 100 ans, et qui a refusé de racheter ses réserves de pétrole il y a 30 ans pour un prix modique (ils pensaient que c'était la fin des gisements!), et qui a donc perdu de belles occasions.

La Norvège, sans y être obligée, s'est donc misesà transcrire les lois de Bruxelles dans ses lois à elle (sauf sur les quotas de pêche, ils ne sont pas fous quand même). Je n'ai pas le détail, mais mes collègues (qui l'ont un peu mauvaise, je l'avoue), sont sûr que c'est le pays qui applique le plus de directives de l'UE. Un comble!

D'ailleurs lesdits collègues ont tous en tête une phrase sortie une fois par un journaliste : "La Norvège me fait penser à cette personne qui paie pour l'organisation d'une fête, modifie son emploi du temps par rapport à elle, en attend beaucoup, mais sait parfaitement qu'elle n'y est pas invitée".
De mon côté, comparer l'UE à une fête me semble un rien excessif...

Pour la petite histoire, la candidature de la Norvège a été présentée à l'UE une fois, dans les années 60. Elle a été rejetée par...De Gaulle, car il ne voulait pas du Royaume-Uni. Or les deux pays présentaient leur candidatures en même temps....


4- Les voitures

Là, ce sera court : dans un pays où la vitesse limite est...100km/h sur autoroute, où les amendes sont des (gros) pourcentages du salaire brut, où l'essence vaut 2€ le litre au minimum, où les parkings ne sont jamais gratuits (et couramment à 4-5€ de l'heure), où les nombreux tunnels sont payants, tout comme l'accès au centre ville et l'utilisation du périphérique, pourquoi voudrait-on avoir une voiture puissante, hors de prix en elle-même, et plus encore lors de son utilisation?

Et bien...je n'ai pas trouvé la réponse. C'est un gouffre, mais je n'ai jamais vu autant de grosses voitures qu'ici.  Évidemment, nous sommes dans la capitale et je me garderai de généraliser. Mais quand même...


5- La nourriture

Impossible d'y échapper. partout dans Oslo, des panneaux publicitaires de magasins vous assurant que la nourriture qu'ils y vendent est "Best i test",

Je vous en mets deux exemplaires ci-dessous:






Nous avons déjà eu l'occasion de vous dire que la qualité de la nourriture était très mauvaise moyenne ici. Avec le recul je me rends compte qu'elle est inversement proportionnelle à la communication qui en est faite.

Ainsi, les pubs de ces magasins sont alléchantes : fruits d'été, viande, fruits de mer. Mais quand vous allez dans les magasins, déception : toutes les viandes viennent des mêmes usines (comme il n'y a pour ainsi dire plus de bouchers vous n'avez pas le choix!), les fruits d'été se vendent de toutes façons aussi à Noël, donc on se pose des questions sur leur provenance, le pain (plus de boulangers artisans non plus) a une liste d'ingrédients longue comme le bras, etc. Mais les photos sont jolies.

Bon, je ne pense pas que ce soir mieux dans les supermarchés francais, donc je ne jette pas la pierre aux propriétaires des Kiwis, Meny, Rema 1000, Ultra, ou autres (Ben non pas "ou autres" en fait car il n'y a qu'eux!!). Mais en France il y a possibilité de faire d'autres choix. Ici c'est beaucoup plus difficile.


Et pourtant, les Norvégiens sont amateurs de bonne chère, et plus encore de bons vins. Comment font-ils? Et bien ils font une vraie différence entre manger pour se nourrir et manger pour passer un bon moment. La semaine, on se nourrit. Souvent avec des sandwiches d'ailleurs. Donc l'importance accordée à ce qui se trouve entre les tranches de pain est faible. Par contre, quand il s'agit de bien manger, on va au resto (ils sont très souvent excellents)...où à l'étranger, particulièrement en France.  Le récit des vacances en France se limite souvent, selon la saison à : "Les pistes de Chamonix, super, et les restos des Alpes, encore mieux" et "Beaucoup de soleil à Nice, parfait. Et les restos sur la plage..."

Il est donc là le paradoxe. Les Norvégiens aiment (très) bien manger, mais pas tout le temps. Ils font la part des choses. De mon côté, sans faire un repas de noces par jour j'aime bien savoir ce que je mange... Pour eux, c'est secondaire!


Voilà pour ce premier post sur certains paradoxes. Il sera sûrement suivi par d'autres, les exemples ne manquent pas.

J'espère ne pas être paru négatif ou trop critique, ce n'était pas l'objet du tout. Je voulais simplement vous faire part de choses qui, vue de l’extérieur par un étranger, ne manquent pas de surprendre. Ikke sant?

dimanche 11 mai 2014

Mais qu'est-ce qu'un bolle?

En réponse au commentaire de Mathieu (et désolé de l'oubli), voici ce qu'est un bolle:


C'est très bon! :-)

samedi 10 mai 2014

Norvégien - partie 2

Ayant eu plusieurs retours très sympas (merci d'ailleurs à leurs auteurs! Ca fait drôlement plaisir) sur mon post d'hier concernant le norvégien, je prends conscience que j'ai jusqu'ici fait assez peu de posts de « civilisation ». Le mot est pompeux, je ne suis pas anthropologue, mais c'est le seul qui me vienne. En gros, je trouve qu'il serait intéressant de partager un peu avec vous davantage de ce que nous ressentons des différences culturelles et linguistiques...et il y a à dire !

Je propose de commencer par compléter ce que j'ai dit hier sur la langue norvégienne. Des quelques langues que je parle, je trouve que c'est scelle qui ressemble le plus au peuple qui l'utilise. Peut-être est-ce dû au fait qu'elle est peu répandue. Mais elle a aussi évolué au gré des évolutions de la société.

Égalité des sexes :

Je vous ai expliqué que le « vous » et les titres n'existaient plus, car personne n'est censé être plus « respectable » que son voisin. Une autre égalité est l'égalité homme-femme. Là, on ne rigole pas. Elle se retrouve partout, y compris dans la langue. En effet, le norvégien avait dans le temps 3 genres comme en allemand : masculin, féminin, neutre. Il n'en a plus que deux : masculin-féminin et neutre. Mais pour éviter de créer de toutes pièces un nouveau genre (avec les articles définis et indéfinis qui vont avec), il a été décidé que les mot féminins se comporteraient comme les mots masculins. Celui qui en a eu l'idée était så flink ! Donc on a « masculinisé » les mots féminins : quand on y réfléchit, je ne suis pas certain que l'objectif d'égalité ait été atteint du coup, ikke sant ? !

Pour vous donner une idée des conséquences (la grammaire n'étant pas spécialement compliquée, elles sont limitées) :
« Une femme (épouse) » se disait « Ei kona »
Le « Ei » correspond à l'article « Une »
« Ma femme » se disait donc « Kona mi » (Mais oui, mi = ma :-) )

Maintenant on dit :
« En kone » « En » est l'article « Un », et donc par extension maintenant l'article « Une ». Le « a » final est supprimé car trop féminin:-).
Et « Ma femme » est « Kone min »

Pas trop de conséquences, donc. Mais la vraie question est : comment des étrangers ayant appris le norvégien sur le tas, en écoutant les autochtones parler, peuvent-ils être au courant de ce changement ? Dans le cas inverse, on n'attend pas des étrangers apprenant le français de connaître la langue du XVIIe... Et bien c'est tout simplement parce que, comme je vous ai dit que chaque région de Norvège a gardé des particularités linguistiques. Et certaines régions trouvaient ridicules l'idée de supprimer le féminin....donc elles l'ont gardé. On a donc compris qu'il y avait un problème en comparant les façons de dire de différentes personnes. Et nous nous sommes faits expliquer le pourquoi du comment...

Lorsqu'on vient d'un pays où la République, par l'intermédiaire de l'école, a tout fait pour faire disparaître les langues et les patois, et pour uniformiser l'usage de la langue, c'est déroutant. Mais tellement plus riche ! Ca ne porte pas à conséquence car tout le monde se comprend, et car les dialectes, une fois écrits, sont très similaires (de ce côté il y a eu une sorte d’harmonisation).


La politesse

Ce qui est déroutant également en norvégien, c'est le manque de formules de politesse. Un reste de leur passé Viking, paraît-il.

Dans cette langue, tout est plus direct. On ne dira pas « peux-tu me passer le sel ?», car si notre interlocuteur n'a pas les deux bras dans le plâtre, il peut forcément. Mais il n'est pas obligé de vouloir !:-) Donc dans les faits il suffit de dire « Je veux le sel ». Clair et direct. Ainsi tout le monde sait qu'on veut le sel et celui qui est le plus près de la salière va nous a passer (enfin, on l'espère).
C'est pratique dans un sens, mais je n'ai toujours pas réussi à m'y habituer. Léna et Anna, au début de leur apprentissage du norvégien, avaient tendance à traduire directement ces petites phrases entendues au cours de la journée (c'étaient les premières qu'elles avaient comprises). Mais en français, le rendu n'est pas le même ! Nos n'avons pas compris tout de suite d'où cela venait, mais maintenant qu'elles parlent couramment les deux langues elles font bien la différence des niveaux de langage.

Bon, je suis sûr que vous allez me dire qu'il y a un moyen simple d'atténuer une demande un peu directe : dire « s'il vous plaît ». C'est vrai. Enfin, ce serait vrai si ce mot existait en norvégien ! Il y a bien une traduction approximative, mais elle ne s'emploie pas à a fin d'une requête. Il s'agit de « Vær så god » ou « Vær så snill » (respectivement « Sois si bon » et « Sois si gentil »). La traduction directe est trompeuse, car si vous dites en norvégien « Sois si bon pour me passer le sel », il vont bien rigoler. On utilise ces expressions lorsqu'on donne quelque chose à quelqu'un (le « here you are » anglais », ou quand on le laisse passer avant soi en rentrant dans le bus (pas toujours bien pris ça, j'y reviendrai). Donc on utilise cette expression majoritairement seule.

Une autre moyen d'être poli serait d'utiliser le conditionnel : « Me passerais-tu le sel ? ». Et bien pas de chance, ce temps n'existe pas. Quand on a une phrase qui commence par « si », on sait que c'est une condition, et on met du passé car il faut bien utiliser l'un des temps disponibles et c'est tombé sur lui. Et puis c'est tout ! Donc rien à faire de ce côté non plus.

La solution ? Ne pas se formaliser quand on vous parle ! Et ce n'est pas toujours simple... Je me souviens, quand mon norvégien était balbutiant, d'avoir commandé un café et un bolle dans une boulangerie. J'avais bien conscience que c'était (très) moyen, mais la commande étant simple j'estimais acceptables les chances de voir le serveur comprendre ma requête. Mais là, déception. Il a lentement levé la tête de sa caisse et a lance un « Hva sa du ?? » un peu hargneux.
« Hva sa du ? » : «  Qu'as- tu dit ?». Ici, on ne demande pas aux gens de répéter. On ne s'excuse pas de ne pas avoir saisi. On leur signifie par un phrase simple et intelligible qu'on n'a rien compris et qu'il faut qu'ils répètent.
Donc sur le coup, mon serveur, je lui aurais fait boire le café (que je n'avais pas réussi à commander) et manger la tasse (qui était posée devant lui) en même temps. Ce n'est que plus tard que j'ai compris qu'il n'y avait rien de personnel. Il ne cherchait pas à me dire que je n'étais pas assez « så flink ». C'est juste normal...

J'ai surtout parlé de la langue dans ce post (en même temps, je l'avais dit au début :-) ), mais je vous entretiendrai bientôt de la société elle-même qui réserve son lot de surprises, et de ses règles non-dites mais très importantes. (et pas faciles à connaître, car elles ne sont pas dites justement. Le mal de crâne pointe...)

Une dernier exemple :
Une matin dans le bus bondé. J'étais monté à un des 1ers arrêts, et avais donc une place assise. Une femme (très très) enceinte monte et reste debout. Je ne pouvais pas la rater, j'avais son ventre au niveau des yeux. Mon côté francais prend le dessus et je me lève en montrant ma place et en disant  (ceux qui ont suivi plus haut on deviné!) : « Vær så god! » avec un grand sourire.
Et bien son sourire à elle, il s'est évanoui. Elle m'a regardé et a juste répondu « Nei !». (Je ne vous le traduit pas, celui-là!)
Bon, une règle importante été apprise ce jour-là : les femmes et les hommes sont égaux (ca, je le savais, merci), et les premières prennent très mal qu'un homme puisse leur faire comprendre qu'elles sont plus fragiles ou pourraient avoir besoin d'aide, fussent-elles enceintes jusqu'aux dents.

Et bien c'est bête, mai j'ai failli m'excuser de lui avoir proposé ma place...

Avant de conclure, je me dois de répondre à la question qui vous brûle les lèvres et vous tracassera toute la nuit si je la laisse en suspens : oui, j'ai eu mon café et mon bolle. Léna a joué les interprètes !:-)


Parlez-vous norvégien? Et si oui...lequel?

Après plus d'un an en Norvège, notre niveau de norvégien est suffisamment bon pour tenir des conversation ou participer à des réunions dans cette langue. Ou plutôt dans ces langues. Explications.

Le premier a priori que l'on a sur le norvégien est, pour un Français ou tout autre personne dont la langue est parlée sur presque tous les continents, que ce doit être une langue pauvre ou avec peu de disparités, car avec peu de locuteurs (environ 5 millions de personnes je crois). Et bien non. Erreur.

On s'en rend vite compte. Tout d'abord quand on sait qu'il y a...trois langues officielles dans le royaume. Si on met de côté le sami, parlé par les Lapons au nord (langue commune aux Lapons de Norvège, Suède, Finlande et Russie), il en reste quad même deux. Pourquoi donc??

Ces deux langes sont le Bokmål (Litt. "Langue des livres") et le Nynorsk (Litt. "Nouveau norvégien"). Le Bokmål est évidemment la lange la plus ancienne, tandis que le Nynorsk est la plus récente. Mais, car il y a évidemment un "mais", le Nynorsk est une nouvelle langue fait avec des anciennes. Pour comprendre pourquoi les Norvégiens ont ressenti le besoin de faire une nouvelle langue, il faut se pencher sur leur histoire.

Il y a longtemps, la géographie du pays de favorisait pas les échanges, surtout pour les gens qui n'avaient pas accès à la mer. Les fjords étaient autant d'obstacles difficiles à franchir, et des gens qui habitaient à quelques dizaines de kilomètres à vol d'oiseau ne se rencontraient absolument jamais. Beaucoup de villages enclavés (donc presque tous) ont développé au fil du temps leur propre dialecte. Le Danemark, lorsqu'il a pris possession de la Norvège, a tenté de simplifier l'ensemble en imposant l'usage du danois. Ca a fonctionné, mais évidemment au fil du temps le Danois de Norvège s'est éloigné du danois du Danemark jusqu'à devenir du Norvegien (je la fais courte bien entendu, mais l'idée est là). Il n'en reste pas moins qu'en parlant norvégien on eut très facilement lire le Danois et se faire comprendre sans trop de mal. (Enfin il faut être attentif quand même!)

Lorsque la Norvège est devenue indépendante en 1814 (pour quelques mois avant d'être récupérée par la Suède), les linguistes se sont dit que les Danois sont partis, mais que leur langue est toujours là. Affront. Donc il a été décidé de créer une nouvelle langue basée sur les dialectes des villages. Un savant de l'époque (Ivar Aasen) a écumé toute la Norvège pour compiler les dialectes, et en a sorti une synthèse qu'il a appelée "Nynorsk". C'est donc un peu de la récupération, on fait du neuf avec du vieux...

Cette langue est officielle, mais peu de personnes la parlent : envron 10% de la population. A Oslo, quasiment personne. On l'apprend à l'école (tard, après les langues étrangères), à moins qu'on demande à l'apprendre avant, auquel cas on va dans des écoles en Nynorsk (et l'on n'apprend pas le Bokmål). En résumé, il faut choisir! Il paraît néanmoins que cette langue est assez répandue dans le Centre-Ouest.La raison pour laquelle elle s'est peu implantée dans les villes était que tous les documents officies et archives qui y étaient stockés étaient en danois. Par pragmatisme, les urbains ne voyaient pas l’intérêt de se compliquer la vie avec l'utilisation d'une nouvelle langue qui aurait nécessité beaucoup de traductions.

Bon, continuons. Quid du Bokmål? C'est donc la langue que nous avons apprise, mais malheureusement ca ne suffit pas pour comprendre tout le monde. En effet, je vous ai dit que chaque village/région avait son dialecte...et c'est toujours le cas! En France les patois on presque disparu à cause de grâce à l'école, mais ici ils sont reconnus et encouragés! Avec un peu d'entraînement on devine la région d'origine de nos interlocuteurs à leur façon de parler. Il ne s'agit pas juste d'un accent (comme ceux du sud ou du nord en France), mais vraiment de dialectes avec du vocabulaire différent et des façons tout à fait différentes de prononcer les mêmes mots. Ainsi par exemple lorsque je suis allé à l'hôpital avec Léna pour passer une radio, j'ai discuté en norvégien avec deux médecins dont l'une venait du nord (très, très haut) : sa collègue était obligée de me traduire ce qu'elle disait en norvégien d'Oslo car je ne comprenais pas un mot. Quand il faut même traduire le norvégien en norvégien, ca devient compliqué...

Vous comprenez maintenant que ce n'est pas simple de répondre à la question : "parlez-vous norvégien?". Et même si on suppose que notre interlocuteur pense au Bokmål, plus répandu, il y a un risque qu'on ne le comprenne pas à cause de son dialecte...  Donc la réponse est toujours risquée!

 J'ai en tous cas une affection particulière pour le dialecte de Bergen, très très influencé par les siècles de domination des Allemands de la ligue hanséatique. Ca se sent dans leur façon de prononcer certains sons, et particulièrement les "r", qui se prononcent comme en français ou en allemand, et non "roulés" comme dans le reste de la Norvège.

Comment apprendre le norvégien?

Paradoxalement, la Norvège n'est pas forcément le meilleur endroit pour apprendre le norvégien. Pourquoi? Tout simplement parce qu'ici TOUT LE MONDE parle anglais. La raison est simple : les médias sont très américanisés, les films non doublés, pas plus que les interviews de personnes anglophones à la radio. Les enfants entendent ainsi beaucoup d'anglais dès tous petits, et s'imprègnent très tôt de cette langue. Du coup, tous nos interlocuteurs sont anglophones, ce qui peut être pratique  (un Norvégien en France devra apprendre le Francais pour communiquer, l'inverse n'est pas vrai), mais aussi handicapant (si on vous parle anglais tout le temps, comment apprendre???). Ainsi les premiers mois, avec un niveau très faible, il 'est pas simple de trouver des gens assez patients pour vous écouter vous expliquer et vous dire qu'ils n'ont pas compris ce que vous disiez, voire vous corriger. Mes collègues notamment passaient directement à l'anglais, sans me demander, pensant que ca m'aiderait et surtout leur ferait gagner du temps. Le cercle vicieux classique.

Maintenant, c'est l'inverse. Comme il n'y a pas de juste milieu, mes collègues me parlent à vitesse normale chacun dans son dialecte, ce qui est un peu "challenging" en réunion. Mais bon, on s'y fait!

Quelques notions

J'aime beaucoup cette langue qui est par beaucoup de côtés plus simple que le francais, si l'on excepte les différences régionales et les accents. Elle a quelques particularités qui méritent d'être soulignées.

Le "vous" disparu.
La société norvégienne repose encore sur des lois appelées "Janteloven" ("Loi de Jante"). L'idée est que tout le monde est qu même niveau, et qu'il est très mal vu de vouloir être mieux/meilleur que les autres (sauf en ski, évidemment). Ainsi, le "vous" qui servait à marquer la différence, le respect a disparu. Les mots "Monsieur" et "Madame" on disparu aussi. Les révolutionnaires les ont remplacé par "Citoyen", les communistes par "camarade", les Norvégien par...rien. On se tutoie et on s'appelle par son prénom, et puis c'est tout! Au final je trouve ca pratique, et c'est parfois compliqué de repasser au système français en passant des coups de fil vers l'Hexagone. Le "tu" et le prénom ont tendance à remplacer le "vous" et le "Monsieur"...

Vocabulaire
Le vocabulaire est, comment dire, resserré. Le Norvégien étant plus "cash", il n'a pas besoin d'autant de nuances qu'un Français. Il arrive donc souvent qu'un seul mot norvégien traduise 4 ou 5  différents en français. Pas simple quand on veut être précis dans ce qu'on veut dire!

Conjugaison
Là, c'est le bonheur. Mis à part les exceptions (évidemment...), chaque temps a une terminaison a lui. On met cette terminaison au radical du verbe, et le verbe est conjugué! C'est la même pour toutes les personnes. Bon, cerise sur le gâteau, il n'y a que 2 temps simples et deux composés. Présent et imparfait, passé composé et plus que parfait. Pratique, mais déroutant.... Vous aurez noté qu'il n'y a pas de futur! L'idée est que s'il y a déjà un élément dans a phrase qui montre qu'on parle du futur ("demain", "la semaine prochaine"), et bien le verbe peut bien rester au présent! Quand il y a ambigüité,on rajoute l'auxiliaire "skal" devant le verbe.  Mais comme il signifie "devoir", il faut faire attention... Le système est donc très simple, mais presque trop pour un Francais qui a toujours peur de ne pas exprimer exactement ce qu'il veut dire (trop dans la nuance, sans doute...).

Lettres
On reconnaît les langues scandinaves aux trois lettres supplémentaires de leur alphabet : Å, Ø, Æ. On ne dit d'ailleurs pas "de A à Z", mais "de A à Å" :-)

Quelques mots à connaître absolument
Si vous veniez nous voir, vous aurez besoin de quelques mots indispensables pour vous intégrer:
- "ikke sant"? (="pas vrai?", "n'est-ce-pas?") : se met à la fin de toutes les phrases. Dès que vous dites quelque chose, rajoutez-le. Je ne sais pas combien de fois un Norvégien moyen le dit par jour, mais le résultat doit être impressionnant... S'utilise aussi tout seul en réponse à une question :
- "Været er fint i dag" (Il fait beau aujourd'hui)
- "Ikke sant" (Oui)

- "Så fint/Så flink/så bra" (="si beau/si capable/si bien") : A utiliser à chaque fois que quelqu'un fait ou dit qqch (donc assez souvent...) Tout est så bra : vous venez d'avoir un enfant, une voiture, un chien, un porte-clé ou vous avez envie d'un café, c'est så bra. Vous avez mis un smoking, un costume de clown, de nouvelles chaussettes ou avez ajusté une mèche rebelle, c'est så fint. Vous avez construit une navette spatiale dans votre jardin, passé le mur du son en vélo ou attaché deux trombones ensemble, vous êtes så flink. Pas tellement de gradation donc, mais des mots entendus toute la journée pour toutes les situations

Exercice pratique:
- J'ai allumé la radio pour écouter la météo
- Så flink!
- Il va faire beau demain
- Så bra!
- Il fait d'ailleurs aussi beau aujourd’hui
- Ikke sant?
- J'ai justement mis mon nouveau chapeau
- Så fint!

Tusen takk d'avoir lu jusqu'ici! J'espère que vous avez trouvé cet article så bra!

dimanche 20 avril 2014

Au programme ce weekend...


  Et bien pas mal de choses! Il faut dire ici que le weekend pascal dure ici presque une semaine, les Jeudi et Vendredi Saints étant fériés.

Nous avons donc (dans le désordre) :

 Vadrouillé dans Oslo

 Pique-nique au Grand Hôtel, ou presque (Hôtel/resaturant parmi les plus connus, mieux placés et mieux notés d'Oslo. Et un des plus chers, évidemment)

 Pause et pose devant le palais royal

Visité l'opéra
Les filles présentent leurs billets.


Il s'agissait d'une visite "spéciale famille", en norvégien. Malheureusement les photos étaient interdites, mais je vous assure que ça valait le coup. On a vu les coulisses, les différentes salles, les ateliers de costumes, décors, etc.... Le tout adapté aux enfants, donc accessible. L'opéra n'avait du coup ps du tout le côté "élitiste" qu'on lui prête. La partie préférée des enfants étant une demi-heure passée dans une des salles de répétition des "petits rats" à danser, chanter, battre la mesure, etc., le tout au son du piano joué par notre guide. Nécessaire pour comprendre la différence entre ballet, opéra et théâtre, et très ludique aussi!

Visité le Teknisk Museum...à nouveau!

Nous voulions a la base assister à une "conférence" de chimie pour les enfants. Mais c'était complet, donc nous nous sommes rabattus sur les expositions "classiques". Sans regret! Ce musée est de ceux où l'on découvre de nouvelles salles à chaque fois qu'on y va. Et la (très) large place laissée à l'expérimentation pour les enfants fait qu'on n'y voit pas le temps passer.

Miroirs déformants



Expérience fascinante : la perspective. Les filles ne sont espacées que de 2m, mais la forme de la pièce fait qu'on a l'impression que Léna et son mannequin sont très loin et plus petites que Anna et le sien. Très drôle!


Mais un WE de Pâques à Oslo ne serait as complet sans quelques séance d'"Eggmaling" (décoration d’œufs) disponibles un peu partout pour les enfants:










À l'opéra


À Mathallen




Dans la rue!
Au passage, notez la tente de la banque DNB en arrière-plan. Leur slogan est "Banque de A à Z", qu'on traduit ici par "Bank fra A til Å", car il y a trois lettres après le Z dans l'alphabet norvégien : Ø, Æ, Å. :-)

Chasse aux trésors! :-)

... Pour faire suite à l'article d'hier, 
voici quelques clichés de notre "tur" dans le jardin ce matin... 
Avec en prime un grand soleil et une douce chaleur! :-) 
Belle journée à toutes et tous! :-)




















































Je précise: j'ai une énorme crise de fou rire!!! :-)

Bon appétit! :-)